Texte de Barès dit par Yves Claessens Stijven Hortense ou la Grenouille et le Boeuf - Barès Stijven Hortense ! Je l'ai connue com' ça. Reloqueteuse par terre, pour la nuit, chez Sarma ! Quand esqu'elle en sortait, elle avait des façons Percies, qu'elle aurait ravale z'un baton ! En fier do meï da'ss ess ! Pire que si sa moema aurait z'été princesse, Ou dame de cour, allo ! Mo, au fond, tu sais quoi ? A la cour... ça était... une madame Caca ! Le matin, dans le tôt, son travail terminé, Rouf ! Stap ett af ! Elle allait s'habiller ! Et quand l’après-midi, elle était dans la rue, Personne de chez Sarma ne l'aurait reconnue ! Elle était, tout craché, une posture de coiffeur : Des chichis, et des crolles avec des accroche-cœurs ! Elle parle, avec z'en bouche comm' z'un morceau d'alun Et mise, elle est toujours, op eure trente et un ! Tout ça, car sa cousine — une qui avait de quoi -- Une riche entretenue, qui pétait dans la soie... L'invitait a sortir dans les salons de thé, Et prenait son plaisir a pouvoir lui stouffer. Stijven Hortense, elle, elle n'avait pas de vieux, Mo voulait, malgré ça, se montrer encore mieux ! Si, des fois, Schuune Wiss a un nouveau chapeau, Il lui fallait le même... un petit peu plus haut ! Ça était la même chôss pour tous les vêtements, Ça doit être plus tof... ça doit 'ett plus ghrand ! C'est surement pas en relavant par terre, Qu'elle se trouvait des klott's pour prendre son ghrand air. Seulement, elle avait, comme on dit, les doigts longs... Et elle s'y connaissait... un peu... dans les rayons... Elle n'aurait pas été, la nuit, femme a journée, Sans avoir, dans ses doigts, une autre agilité !... Mo, sa cousine avait tous les jours du nouveau ! Facile, ca n’était pas, d'avoir toujours plus beau ! Les scheirewegs, qua même, on les a remarqués... Des inspecteurs, plus slums, ont été z'engages !... D'un p'tit air hypocrite, sans avoir l'air de rien, Ils l'ont fourré (sic !) au bloc... un jour... de ghrand matin Si elle se tenait stijf, on sait pourquoi c’était ! Pour sortir !... Tout l'bazar allait dans son corset, Qui, pour passer l'contrôle était fait tout expres ! Je crois qu'elle en a bien pour quelques années, A dire qu'il faut des senss ! quand on fait de son nez ! MORALITE Tu finis, comme tu vois, par avoir des misères... Lorsque tu veux péter... plus haut que ton derrière... Extrait de Flooskes. Bande sonore : LES ZWANZEURS - Anthologie de l'humour bruxellois Georges Lebouc Enregistrement réalisé sous la direction de Nicole Lorent Ingénieur du son : Orlando Dus Production : Radio Bruxelles Capitale - RTBF
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Le Bliekschaaïter Le flamand, dans les mots, brave l'honnêteté, du moins lorsqu'il entre dans la formation de certaines qualifications bruxelloises. Aussi, éviterons-nous de traduire ou même d'analyser le mot « bliekschaaïter », l'un des plus expressifs de la « langue ». Nous nous contenterons de suggérer le plus délicatement possible sa savoureuse étymologie. Trullemans est venu voir son fils et sa « belle-file », le jeune « ménâche », comme il dit. Son fils est blond, très blond, pâle, très pâle et mince, très mince. Sa femme est encore plus blonde, plus pâle et plus mince. Trullemans père est pourvu d'une forte tignasse, presque noire, d'un ventre sérieux et d'un teint coloré. Sa progéniture ressemble à Mme Trullemans. C'est un malheur. Mais, que voulez-vous ! Il faut croire qu'il a épousé Melle Trullemans par distraction. Trullemans a consenti à partager son repas du soir avec « les enfants ». — Eh bien, père, questionne prudemment la jeune dame Trullemans, qu'est-ce que vous allei soupei ? La réponse est muette : trois bouffées de pipe lancées coup sur coup, comme une préparation d'artillerie. — Ce que je vaie soupei... Si je pouvais choisir... eh bien... Mais il n'y a rien qui presse, vous savei... — Vous n'avez pas faim, père ? — Si, si. Qu'est-ce que vous pensez do ! Mais... — Il doit finir sa pipe, dit Trullemans fils, d'un ton aigre... C'est toujours la même chose ! Avec ces fumeurs ! — Est-ce que voter' cuisine est un compartiment pour non fumeurs. Je ne vois ça écrit nulle part. — Pour moi, ça ne fait rien. Mais c'est pour Albert... pour ses bronches. — Ses bronches ? — Sa poitrine enfin. Ça le fait tousser. — Qu'est-ce qu'il a besoin de tousser. Est-ce que je tousse, moi. Et j'ai la fumée direct dans ma bouche. — Si ça n'était qu'un peui. Mais on se voit plus ici. Ça fait mal à la gorge. Ça pue. On a les yeux qui piquent. — Eh bien, jeune homme, moi je vais vous donner un bon consel. Fermei vot' bouche, oué, et vot' nez et vos yeux. Mettei vos pieds dans le four, vos mains dans vos poches et vot' chapeau sur vot' tête. Et... salu en de kost... Moi, je joue schampaveie... — Mais père, Albert a toullemême pas dit ça pour vous vexei, hein. Allei, vous allei soupei... — Je vaie soupei « In de Vos », chez Veulebeek. Là j'aurai quelque chose à mon goût. De la viande froide, salade, avec des pikkels et une demi-gueuze. Moi, je ne suis pas comme vous autres. Je ne saie pas vivre rien qu'avec des Quaquer Oats, des papes, du yoghourt et de l'eau minérale. Je n'ai pas l'envie de gagner un venter' comme un aquarium. — Et moi, je n'ai pas l'envie d'avoir plein de boutons dans la fughur. — Des boutons ! Vous feriez mieux de fermei une fois celui de vot' culotte. — Allei, père. On va pas se disputei, hein. — Vous n'avez pas la force assez pour disputei. Si ça n'est pas malheureui d'avoir un enfant comme ça. Je suis pas fier de vous, vous savei. Regardei moi ça. On dirait que ça est en papier machei. — Gros et rouge, ça ne veui pas dire bien portant. — Vous avez besoin d'une couche de couleur, mon garçon. Ça n'est pas étonnant que vous êtes malade ; et puis vous n'êtes pas malade. Vous êtes flâ. Oui, ça vous êtes. Et vous aimez seulement tout ce qui est flâ. Tenet, regardei là, sur le piano. « La Danse des Libellules », « Lakmei, ton doux regard... », « Quand les papillions fermeront leurs ailes... » — Vous aimez sans doute mieux le jazz hot. — Jazotte, jazotte ! J'aime pas ce qui est staaïf. Voilà ! J'aurais dû vous jetei dans le canal quand vous étiez petit, tenet, comme un zinneke. Oué. Aie, aie, aie, quel malheur ! Je n'oserais même pas dire que vous êtes mon fils... Non... Est-ce que vous êtes seulement mon fils. Je me le demande, vous savei. Il a la gorge qui gratte, un nez qui sent toujours après quelque chose et il a des bronches. Ça vot' père n'a jamais eu, vous savez. Je suis genèi de vous... oué, genèi. Zuu ne bliekschaaïter ! La voilà enfin lâchée, la forte expression. Le « bliekschaaïter » est l'être dont la pâleur est congénitale, essentielle, irrémédiable. Son tempérament, son alimentation, ses goûts le mènent fatalement à une complète décoloration. Elle est physique et morale. Elle est tellement profonde, à ce point inhérente à l'individu, que tout ce qui émane de lui est pâle. Cette pâleur a tout envahi et s'étend jusqu'aux derniers résidus de sa nutrition. Ces précisions suffiront, je pense, à renseigner, sans les offusquer, les Anglaises les plus pointilleuses, sur les origines du mot « bliekschaaïter ». Le jour où un « bliekschaaïter » considère que son complet gris, sa chemise réséda et sa cravate aux tons laiteux sont suffisamment défraîchis, il est entièrement satisfait de son image et choisit ce moment pour faire « tirer son portrait ». Extrait de Bruxelles Rive-gauche. Bande sonore :
LES ZWANZEURS - Anthologie de l'humour bruxellois Georges Lebouc Enregistrement réalisé sous la direction de Nicole Lorent Ingénieur du son : Orlando Dus Production : Radio Bruxelles Capitale - RTBF Sketch + TexteDialogue de la semaine du Pourquoi-Pas ?
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